Référence : 1498
Date de parution : 2007
Nombre de page : 162 page(s)
Large vision : Non
ISBN : 2707319821
Extrait : Né dans un milieu où on lisait peu, ne goûtant guère cette activité et n'ayant de toute manière pas le temps de m'y consacrer, je me suis fréquemment retrouvé, suite à ces concours de circonstances dont la vie est coutumière, dans des situations délicates où j'étais contraint de m'exprimer à propos de livres que je n'avais pas lus. Enseignant la littérature à l'université, je ne peux en effet échapper à l'obligation de commenter des livres que, la plupart du temps, je n'ai pas ouverts. Il est vrai que c'est aussi le cas de la majorité des étudiants qui m'écoutent, mais il suffit qu'un seul ait eu l'occasion de lire le texte dont je parle pour que mon cours en soit affecté et que je risque à tout moment de me trouver dans l'embarras.Par ailleurs, je suis appelé régulièrement à rendre compte de publications dans le cadre de mes livres et de mes articles qui, pour l'essentiel, portent sur ceux des autres. Exercice encore plus difficile, puisque, au contraire des interventions orales qui peuvent sans conséquence donner lieu à des imprécisions, les commentaires écrits laissent des traces et peuvent être vérifiés. En raison de ces situations devenues pour moi familières, j'ai le sentiment d'être assez bien placé, sinon pour délivrer un véritable enseignement, du moins pour communiquer une expérience approfondie de non-lecteur et engager une réflexion sur ce sujet tabou, réflexion qui demeure souvent impossible en raison du nombre d'interdits qu'elle doit enfreindre.Revue de presseVoici un livre qui devrait faire un malheur dans les dîners en ville. Il est drôle, clair et met les pieds dans le plat avec une bonne humeur et une insolence assez rares…Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? est un remarquable plaidoyer en faveur du statut d'imposteur…On trouvera là de précieux conseils pour se dégager des interdits. A l'heure où tant d'écrivains posent et pérorent, surveillent leurs discours prémâchés avec la même assiduité qu'Harpagon sa cassette, ce bréviaire donne, paradoxalement, envie de lire. Les critiques vont détester; vous allez adorer ! (François Busnel - L'Express du 11 janvier 2007)Le lecteur du dernier essai de Pierre Bayard serait mal inspiré de prendre à la lettre l'option qu'il défend et dont le titre, même sous sa forme interrogative, résume brutalement la teneur. Ce titre, il ne faut cependant pas l'entendre comme un énoncé moqueur ou cynique. Provocateur, il constitue un sérieux motif de réflexion, de mise en alerte. Un esprit critique avisé est donc requis - pour ce livre comme pour tous les autres livres vers lesquels notre désir, notre intuition ou notre intérêt nous portent chaque jour…Qu'appelle-t-on lire ? C'est la vraie question qui motive cet essai. Question que Bayard s'est posée face à ses étudiants, dans son travail universitaire - il est aussi psychanalyste, ce qui n'est pas indifférent - et à laquelle il apporte une réponse plurielle, et parfois surprenante…Le but de Bayard n'est donc pas du tout de dénoncer une imposture, mais de défendre et promouvoir une pratique volage, indisciplinée, de la lecture. Pratique donnée à tort, selon lui, pour honteuse et inavouable. A la fin de son essai, toujours à propos de Wilde qui parle de la critique comme de "la seule forme admissible d'autobiographie", il avance la notion, séduisante, de "livre intérieur". C'est ce livre qui serait la finalité légitime de l'"amoncellement hétéroclite de fragments de textes, remaniés par notre imaginaire…" Un peu à l'image d'un processus analytique qui vise à "assurer notre cohérence intérieure". (Patrick Kéchichian - Le Monde du 12 janvier 2007)Appuyant sur son expérience personnelle (il n'a jamais ouvert Ulysse de Joyce et il ne se prive pas d'exprimer son opinion), Pierre Bayard se veut didactique, et montre les différentes manières de ne pas lire un ouvrage et d'en parler néanmoins, qu'il s'agisse des livres que l'on ne connaît pas, que l'on a parcourus, dont on a entendu parler ou que l'on a oubliés. A considérer les exemples qu'il cite, on s'aperçoit que plus on accorde de la valeur à l'écriture, moins on en attribue à la lecture. Aussi Valéry, par ailleurs graphomane avéré, militait-il contre la connaissance des oeuvres de ses collègues, petits ou grands, comme s'il craignait d'en être contaminé…Gageons que, pour Bayard, rien n'est perdu pourtant, puisque souvent, dans ce jeu comme en amour, qui perd gagne. (Jean-Baptiste Marongiu - Libération du 18 janvier 2007)C'est du jamais-vu sous nos latitudes. Pour la première fois dans les hautes contrées du vieux pays sorbonnard, un universitaire avoue n'avoir pas lu les oeuvres sur lesquelles il appuie sa recherche et qu'il a nonobstant l'audace de commenter. Et en plus il s'en vante. Il faut dire que son étude a pour objet de répondre à une drôle de question : «Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?» Et qu'il y évoque avec pertinence Flaubert et Proust, Valéry et Montaigne, Shakespeare et Joyce, dont il confesse avoir seulement parcouru les livres majeurs… Lire, c'est comme ouvrir sa porte à une horde de rebelles, disait Virginia Woolf. C'est le vieux mythe de la tour d'ivoire. De Paul Valéry, affirmant avoir pris la lecture «en aversion», à Oscar Wilde, qui prétend ne jamais lire un livre dont il doit écrire la critique, en tout cas pas plus de six minutes, de crainte de se «laisser influencer», l'entreprise de Pierre Bayard ne manque pas de parrains prestigieux et compréhensifs, et l'on est tout près d'admettre avec George Bernard Shaw que si certains lisent (notamment ce livre-là), c'est bien parce qu'ils sont trop paresseux pour réfléchir. (Jean-Louis Ezine - Le Nouvel Observateur du 8 février 2007)Voir l'ensemble des Descriptions du produit